Question écrite au gouvernement
Question écrite à Monsieur Heremoana MAAMAATUAIAHUTAPU Ministre de la culture, de l’environnement, en charge de la jeunesse, des sports et de l’artisanat
Objet : Élévation du niveau de la mer en Polynésie française
DOCUMENTS
Monsieur le Ministre, cher Heremoana,
Le groupe de recherche scientifique « NZ SEARISE – Te tai Pari o Aotearoa » a publié le 2 mai 2022 un rapport particulièrement alarmant sur l’élévation du niveau de la mer et ses conséquencespour les populations établies le long du littoral néo-zélandais.
Selon les données recueillies et analysées par ce vaste programme de recherche quinquennal financé par le ministère de l’économie, de l’innovation et de l’emploi néo-zélandais, le niveau de la mer monterait deux fois plus vite que prévu dans certaines parties de l’archipel sous l’effet conjoint d’une augmentation du niveau de la mer et d’un enfoncement des zones côtières.
Ainsi, selon le professeur de l’université Wellington de Victoria qui a dirigé ce programme, les villes d’Auckland et Wellington seront particulièrement menacées par ce phénomène d’ici 2040, ce qui nécessitera une relocalisation d’une partie de ses habitants du front de mer et de certaines banlieues, une augmentation des primes d’assurances et une dépréciation de la valeur des logements.
Les scientifiques locaux et internationaux du programme ont également mis au point un outil en ligne permettant aux habitants, aux autorités et aux promoteurs immobiliers de vérifier les prévisions pour la zone qui les concerne afin qu’ils évaluent le risque d’inondation et d’érosion et réfléchissent en conséquence à la meilleure façon de s’adapter à cette élévation du niveau de la mer. Ces données sont d’ailleurs consultables librement et gratuitement en ligne par chaque citoyen kiwi sur le site internet https://www.searise.nz
La Première ministre d’Aotearoa, Jacinda ARDERN a par ailleurs indiqué que « la planification était déjà en cours, y compris la budgétisation de la relocalisation, loin des côtes vulnérables, de certains habitants et infrastructures » et qu’elle travaillait « avec les autorités locales et les assureurs pour déterminer qui doit supporter les coûts de certaines de ces options car ils ne doivent pas incomber à une seule partie. ».
La France a d’ailleurs, dans le cadre de la loi Climat et Résilience de 2021, publié la liste des 126 communes concernées par un risque accru de submersions marines parmi lesquelles 13 communes de Martinique, 9 de Guadeloupe et 3 de Guyane et prévoit des dispositifs financiers de transfert des populations concernées par le phénomène d’érosion côtière.
Monsieur le Ministre, qu’en est-il de notre Pays ? A l’instar de nos frères maori, votre ministère dispose-t-il d’ores et déjà de données scientifiques chiffrées permettant d’apprécier et de prévoir les niveaux et rythme d’élévation de la mer et leur impact sur nos populations qui vivent pour la grande majorité d’entre elles le long des littoraux et dans les plaines côtières de nos îles ?
Quelles mesures comptez-vous mettre en œuvre pour planifier et financer d’éventuelles relocalisation des populations qui seront inéluctablement affectées par ces phénomènes climatiques durables ?
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma considération distinguée.
Mme Éliane TEVAHITUA