INTERVENTION
- Question orale du Groupe Union pour la Démocratie (UPLD)
- à M. Édouard FRITCH, Président de la Polynésie française
- 2e Séance plénière de la session budgétaire du 5 octobre 2017
- Objet : Recrutement dans la Fonction Publique Territoriale (F.P.T.) par concours externe de 56 praticiens hospitaliers (P.H.) au Centre Hospitalier de la Polynésie française (C.H.P.f.) et la Direction de la santé (D.S.)
Question orale posée par M. Jacqui DROLLET en remplacement de Mme TEVAHITUA
À travers notre question, nous souhaitons en quelque sorte adresser nos encouragements à nos étudiants de l’université, notamment en médecine.
En effet, en 2003, nous avions mis en place un dispositif pour permettre à nos étudiants de démarrer leur cursus ici, à l’université.
Il faut dire qu’il a bien fonctionné puisqu’un peu plus de 200 de nos étudiants ont réussi leur première année et ont poursuivi leur formation à.Bordeaux.
C’est dire toute notre satisfaction quant à ce dispositif.
Pour les aider au mieux dans leur vie de tous les jours, le Pays leur a également réservé des crédits. Ce n’est pas énorme, 150 000 F CFP, mais c’est déjà bien.
En contre partie, nos étudiants doivent s’engager, lorsqu’ils seront de retour au pays, à mettre leurs compétences au service de la fonction publique du pays, et ce, pour une durée correspondant au nombre d’années d’études effectué.
S’ils ont fait 7 ansce sera 7 ans. S’ils ont fait 10 ans, ce sera 10 ans.
Le souci c’est que s’il y a un engagement personnel de nos étudiants de servir dans la fonction publique pendant 7 ou 10 ans, le Pays, lui, n’est pas obligé de les recruter.
Et effectivement, un concours est organisé cette année et il nous semble qu’il ne viserait qu’à titulariser des personnes non originaires du pays actuellement en poste au centre hospitalier de Taaone et au sein d’un service du pays.
Donc, pour nous, il est inacceptable que, d’un côté, l’on demande aux étudiants de s’engager personnellement et que, de l’autre, l’on recrute des personnes non originaires du pays.
Aussi, c’est au nom d’Éliane Tevahitua et de l’UPLD que je m’adresse au ministre… D’ailleurs, merci, Monsieur le ministre, de porter les écouteurs pour que vous puissiez me comprendre.
Tout d’abord, pouvez-vous nous dire si la véritable finalité du concours est bien de titulariser ces personnes ?
Qu’en est-il alors des étudiants qui ont réussi leurs études et qui attendent d’être recrutés ?
Ensuite, pouvez-vous nous donner la cartographie exacte des besoins du pays en médecin ?
Car le fait de connaître les besoins en médecin par secteur nous permettra d’orienter au mieux nos étudiants.
Et enfin, que prévoit le Pays pour l’intégration de ces derniers à la fonction publique à la fin de leurs études ?
Et pour conclure, Madame la présidente, je tiens à vous dire que nous avons un enfant du pays en chirurgie vasculaire qui est en France, l’équivalent peut-être de 10, 11 années d’études après le Baccalauréat.
Si nous ne mettons rien en place pour pouvoir l’accueillir chez nous, il exercera en France au lieu de servir notre population.
Telles sont donc, Monsieur le ministre, les trois questions qui vous sont adressées
Je sais que vous avez entre les mains la question orale en français qui vous permettra d’apporter des réponses claires.
Question orale posée par M. Jacqui DROLLET en remplacement de Mme TEVAHITUA
Réponse du ministre de la Santé
Quelques éléments de réponse concernant la pertinence de ce concours qui a eu lieu en effet il y a quelques semaines, notamment en ce qui concerne à la fois la Direction de la santé, puisqu’il y avait des postes prévus pour la Direction de la santé, et pour le Centre hospitalier du Taaone.
Pour ce qui concerne la Direction de la santé, dix postes ont été proposés, douze candidats se sont inscrits.
Sur ces inscriptions figure une seule ancienne étudiante polynésienne.
En revanche, six agents non titulaires, actuellement en poste, se sont présentés, l’objectif de ce concours n’étant pas tant de titulariser ces agents que de pourvoir les dix postes prioritaires basés dans les îles et stabiliser ainsi les équipes, puisque vous savez que nous avons des difficultés à obtenir des médecins qui veuillent bien aller dans les îles.
Pour mémoire, lors du concours de médecins, en 2016, aucun ancien étudiant boursier ne s’est présenté au concours.
En revanche, indépendamment du concours, la Direction de la santé a recruté, le 1er mars 2017, une ancienne étudiante polynésienne, et va procéder prochainement à trois autres recrutements, d’ici la fin de l’année, d’autres étudiants polynésiens.
Ces recrutements concernent uniquement Tahiti et Moorea. Toutefois, les étudiants boursiers pourront toujours prétendre à un poste car, d’une part, il existe un volant structurel de postes vacants notamment dans les îles et, d’autre part, au regard de la moyenne d’âge des médecins actuellement en activité et des PH — la moyenne d’âge des médecins généralistes étant de 51 ans à l’heure actuelle et celle des PH, c’est à dire des praticiens hospitaliers, étant à 56 ans à l’heure actuelle — et du nombre d’agents de ces deux cadres d’emploi — 50 agents et 43 médecins ont plus de 55 ans —, il y aura, dans les dix ans à venir, plusieurs départs à la retraite et donc des postes qui se libéreront.
Enfin, il faut relever, en ce qui concerne les bourses majorées, l’engagement de servir la Polynésie française dans le domaine de compétences acquis mais sans que ce soit nécessairement dans la fonction publique.
Il n’y a donc aucune contrainte en ce sens, contrairement aux bourses allouées aux étudiants infirmiers ou sages-femmes et aux élèves aides-soignants qui ont, eux, un engagement à servir dans la fonction publique territoriale, laquelle a d’ailleurs prévu un dispositif d’intégration sans concours.
Concernant le suivi des étudiants en médecine, il repose actuellement sur la collaboration étroite avec l’Université de Polynésie française, l’Université de Bordeaux, qui est notre réfèrent en métropole en ce qui concerne les études médicales, et les étudiants eux-mêmes. Un recensement est effectif à l’heure actuelle.
Il permet des échanges avec les étudiants et les futurs potentiels employeurs, tant la Direction de la santé que le CHPF.
En revanche, le recensement ne précise pas la spécialité choisie, car la spécialité, en fait, est connue seulement en fin d’études.
Nous sommes donc dans l’obligation d’attendre, par exemple pour votre chirurgien vasculaire, de savoir, au bout de huit ou neuf ans, qu’il va s’orienter vers cette spécialité-là, mais ce n’est pas rédhibitoire. 17 médecins sur 30 anciens étudiants polynésiens sont dans l’instance de revenir, éventuellement, car c’est selon leurs désirs.
Bien évidemment, nous pensons qu’ils ont le désir de revenir, mais ils peuvent aussi ne pas revenir, pour des raisons qui soient autres que familiales.
Pour l’instant, seule une spécialité, parmi les diplômés actuels, se présente au concours de PH, il s’agit d’un pédiatre qui revient sur le territoire. Pour ce qui concerne la finalité du concours, celle du concours qui a eu lieu, là, était d’inclure des postes qui étaient déjà occupés depuis de nombreuses années par des personnels ANT, c’est à dire des agents du territoire non titularisés, et on réserve une certaine quantité de postes pour des éventuels retours d’étudiants qui seraient d’origine polynésienne ou d’origine du pays, plus exactement, et qui souhaiteraient revenir.
La finalité de ce concours était de remettre à plat, si vous voulez, les postes qui sont occupés de longue date par des agents non titulaires. Il fallait les titulariser, vu le temps qu’ils avaient mis à être intégrés.
Sur le nombre de médecins dont le Pays a besoin, en termes de médecins généralistes, pour ce qui concerne notamment les structures de la Direction de la santé tant sur Tahiti que sur les îles — et je dirais plutôt, surtout dans les îles —, à l’heure actuelle, on estime le besoin entre 10 et 15 médecins, 10 étant le minimum, 15 étant ce qui serait l’idéal.
Si on peut tendre vers l’idéal, ça ne sera pas plus mal, ce qui permettrait de doubler certains postes, notamment aux Marquises où nous avons de graves difficultés à conserver des médecins, parce que la tâche de travail est difficile. Nous pensons qu’à deux médecins, ça serait plus simple.
Pour ce qui concerne les PH, c’est en fonction des départs, dont je vous ai parlé tout à l’heure, de ceux qui vont aller en retraite bientôt.
Pour l’instant, le chiffre n’est pas fixé mais on peut l’estimer à 15 également, 15 praticiens hospitaliers, dans les deux ans qui viennent.
Pour ce qui concerne le cas que vous avez cité, du chirurgien vasculaire, je n’ai pas de demandes particulières de la part de cette personne. Ce que je souhaiterais, c’est qu’elle se fasse connaître de nos services, c’est à dire à la fois du CHPF et de la Direction de la santé ou de mon ministère, de façon à ce qu’on puisse préparer son retour, car il peut très bien y avoir une place. Nous avons à l’heure actuelle, en matière de chirurgie vasculaire, un médecin qui est proche du départ, donc nous pouvons tout à fait voir avec cette personne comment préparer son retour, et c’est ce que nous essayons de faire au travers d’un site internet que nous avons créé au niveau de la Direction de la santé, sur lequel peuvent s’inscrire les différents étudiants.
Quelles que soient les études, ils peuvent s’inscrire et c’est ce qu’ils font à l’heure actuelle. On leur a donné des informations, on a diffusé l’information dans le milieu estudiantin à Paris et en France, donc ils peuvent s’inscrire et surtout nous informer de leur cursus, c’est à dire à partir de la cinquième ou sixième année, où ils sont amenés à, éventuellement, soit revenir en tant que médecin généraliste, soit continuer, poursuivre pour avoir une spécialité.
Cela nous permettra de préparer le terrain, si je puis m’exprimer ainsi, pour pouvoir assurer leur retour. C’est ce que nous avons fait, donc sur ce qui concerne ces recrutements, nous avons, je dirais, toute latitude pour pouvoir permettre, avec parfois un temps d’attente, aux étudiants polynésiens de revenir dans de bonnes conditions, s’ils souhaitent bien sûr travailler dans les structures publiques.
Le ministre de la Santé