INTERVENTION
- Intervenante du groupe Tavini Huiraatira : Mme Éliane TEVAHITUA
- Rapport nº 85 – 2013 en date du 20/08/2013
- Lettre n° 4288/PR du 29 juillet 2013
- Temps de parole : 11 mn
- Consigne de vote : Favorable
DOCUMENTS
Correspondance
Intervention
Questions écrites
COMMISSION PERMANENTE DU 29/08/2013
Rapport relatif à un projet de délibération portant approbation du compte financier de l’exercice 2012 de l’établissement public administratif dénommé « Fare Tama Hau » et affectation de son résultat
Monsieur le président.
Créé en février 2004, il y a de cela 9 ans, le Fare Tama Hau a pour mission majeure la coordination et la réalisation d’actions de prévention et de prise en charge en vue de protéger et d’aider les enfants, les adolescents et leurs familles.
C’est un objectif non seulement noble que remplit cet établissement, mais également primordial, indispensable quand on voit la crise économique, et sociale que notre pays traverse depuis une dizaine d’années.
La crise a engendré son lot de problèmes dans les familles, liés en grande partie à la perte d’emplois, au chômage. La précarité des conditions de vie, la perte de logement, la vie dans des habitations insalubres et les violences à l’intérieur des foyers forment la trame de vie des familles en difficultés que voit le Fare Tama Hau.
Le personnel de cet établissement travaille au quotidien auprès de ces familles en détresse sociale. Pour être efficient et répondre au mieux aux besoins de ces foyers en difficulté, le Fare Tama Hau s’est structuré en 4 services.
La maison de l’enfant : cette maison repère et travaille sur les dysfonctionnements précoces de la relation parents-enfants. Ce service reçoit aussi des enfants en placement ou avec des parents, des couples séparés. Les chiffres des entretiens, médiations et consultations entrepris par ce service sont en augmentation exponentielle : 1 139 en 2010, 1 376 en 2011, 1 975 en 2012.
Cette croissance est un reflet de la situation économique et sociale dégradée à Tahiti. Malgré ce surcroit d’activité, les moyens en personnel sont restés les mêmes.Pour la maison de l’adolescent, je note que malgré une activité importante en 2012 : 4 100 actes, 2 967 entrées à l’Espace jeunes, 4 328 adolescents ayant bénéficié d’actions de prévention, l’ouverture du Cyber-tauturu, les effectifs ont baissé du fait des restrictions budgétaires.
Pour ce qui concerne l’Observatoire de l’enfant et de l’adolescent, il a été mis en sommeil en 2012 car amené à être fermé. Pour la ligne verte : les appels sont passés de 29 024 appels en 2009 à 1 421 appels en 2012 du fait de la menace de fermeture du Fare Tama Hau et de la suppression de postes d’accueillants téléphoniques. Les plages horaires d’écoute ont été réduites comme peau de chagrin. Au vu du rapport d’activité du Fare Tama Hau et de la présentation qui en a été faite par son directeur, le docteur Daniel Dumont, il nous apparait à nous, nouvelles élues UPLD, membres de la commission de la santé, hautement souhaitable que lé Fare Tama Hau soit assuré de sa pérennité sur le long terme.
Pour l’avoir vécu, nous savons combien l’incertitude sur le devenir d’un établissement que l’on dirige peut avoir des conséquences néfastes auprès du public et auprès des professionnels, sans compter la démotivation interne de l’équipe.
Avec un budget prévisionnel 2014 de 233,5 millions, le Fare Tama Hau pourra tout juste maintenir ses activités et son fonctionnement actuels. Nous estimons que pour le travail de longue haleine entrepris par le personnel du Fare Tama Hau, des moyens supplémentaires doivent être alloués à cette structure.
Pourquoi des moyens supplémentaires en ces temps de difficultés budgétaires pour notre pays ? Parce que les enfants et les adolescents à problèmes qu’ils soignent, et les familles défaillantes qu’ils soutiennent doivent être une priorité sociale.
Ces enfants et ces adolescents sont l’avenir de notre pays et nous avons le devoir de leur venir en aide. Si ces difficultés à l’intérieur des familles ne sont pas prises en compte institutionnellement parlant, la société polynésienne récoltera à court terme les différentes expressions de la violence et du mal-être, sous forme de délinquance, d’agressions sous toutes ses formes, de violences intrafamiliales, de suicides…
Pour cela, des moyens humains sont nécessaires.
D’abord pour relancer la ligne verte comme auparavant, des accueillants ayant les qualifications appropriées de juriste, de psychologue ou de médecin doivent être recrutés pour améliorer la qualité d’accueil de la ligne verte.
L’observatoire de l’enfance en danger doit être aussi réactivé par le recrutement d’un cadre social et d’un épidémiologiste. Les moyens financiers supplémentaires pour ces deux… pour la Ligne verte et pour l’Observatoire se chiffrent, d’après leurs dires, à 40 millions environ. Les élues UPLD que nous sommes, sont favorables à l’augmentation de la dotation pour 2014 du Fare Tama Hau.
Je terminerai en disant que cet établissement travaille dans le paysage social et sanitaire de notre pays depuis près de 10 ans. Il y a toute sa place. Les partenariats qu’il a su nouer au fil des ans.avec les établissements de santé, des secteurs social et scolaire ont été bénéfiques à la constitution d’un réseau polynésien de prévention et de prise en charge pluridisciplinaire en faveur des enfants et des adolescents de familles en difficulté.
L’ouverture imminente des 5 maisons de l’enfance de Faa’a, Puna’auia, Taravao, ‘Uturoa et Taiohae envisagée par le ministère de la santé, offrira au Fare Tama Hau l’occasion de décentraliser son savoir-faire unique vers des communes peuplées.
Mme Éliane TEVAHITUA